le blog de Jihem

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Bizarre, bizarre ...


Des oeufs dangereux.

Philibert se pencha au-dessus du lit où reposait sa pauvre mère. Elle lui avait fait signe d’approcher et semblait vouloir lui dire quelques chose. Dans un souffle, sans doute l’avant dernier, elle parvint à articuler :

-          Mon fils, surtout ne mange jamais d’œufs. Ce serait pour toi …

Elle ne put en dire plus et s’éteignit paisiblement.

Quelques jours plus tard, sentant refluer en lui les vagues du chagrin, Philibert repensa aux derniers mots de sa mère. C’est vrai qu’en y réfléchissant, les œufs s’étaient toujours trouvés exclus des menus élaborés par sa mère, pourtant cuisinière émérite. Il venait d’avoir 16 ans et il ne connaissait pas le goût de cet aliment qui semblait faire les délices des gens de son entourage. Philibert était curieux de nature. Il demanda donc à sa tante, chez qui il vivait depuis le décès de sa maman, de lui préparer une omelette.  « Mais c’est excellent ! », s’écria-t-il.  « Tatie, tu es la reine de l’omelette !  Fais-moi des œufs tous les jours, j’adore ça ! ». Comme la tante possédait quelques poules, l’adolescent se fit un plaisir d’aller chercher lui-même, au poulailler, les œufs fraîchement pondus.

Mais au bout d’une semaine de ce régime, Philibert commença à remarquer certaines choses. En se regardant dans le miroir, il se trouva le teint bien jaune et il constata que ses cheveux laissaient progressivement la place à un crâne lisse et brillant. Pire, lui si jovial autrefois, semblait rentrer dans sa coquille. D’ailleurs, quand il parlait, il mettait maintenant des « heu … » partout.

Mais ce qui le décida à consulter, c’est quand un ami lui parla de sports d’hiver, et qu’il sentit le blanc de ses yeux monter en neige !

« Ah, mon poulet, lui dit le médecin, ta pauvre mère ne t’a donc pas mis en garde ? Surtout pas d’œufs ! Jamais  d’œufs en toi! Les œufs sont faits pour les autres, mais pas pour toi. On appelle ça une allergie, mon petit ! Arrête d’en manger et tout redeviendra comme avant. »

La mort dans l’âme, le jeune homme suivit le conseil du médecin et renonça définitivement aux omelettes, aux œufs mimosas, aux œufs brouillés, aux œufs sur le plat, aux œufs mollets et … aux œufs de mots !


16/11/2013
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être ange ? étrange, non?

 

« J'en ai marre de mes cheveux d'ange », avait-il déclaré à son coiffeur un jour où le chaos régnait dans sa tête. C'était le lendemain d'un jour de beuverie. Il avait ingurgité des litres et des litres d'une liqueur dorée baptisée « Pipi d’ange » par son créateur. Ca lui avait d'abord amené le cœur au bord des lèvres. Il avait cherché un peu d'air. Il n'avait trouvé dans les relents de son haleine, que des vents d’ange. Puis, il s'était réveillé avec ce mal de tête épouvantable, allongé dans la baignoire, face à la télé qui diffusait « Les anges de la télé réalité ». Dans sa tête, d'autres images se bousculaient, il n'y comprenait rien. Il se voyait en train de faire l'amour avec un ange. Je m'appelle André lui avait dit celui-ci. Mais après l'ange André, un autre ange vint, et ce n'était pas le dernier. D’autres suivirent. « Hola ! » se surprit-t-il à crier, « L'abus d'amant est dangereux pour la santé ! »

Et là, dans le silence qui suit, un autre ange  choit sur le canapé.  « Attends ! »   le supplie-t-il. « On a sonné. »

C'était  Luce, mignonne, belle, sensuelle et tout et tout, des étincelles dans les yeux, des panneaux solaires dans les cheveux…

« Désolé, dit-il alors, aux anges qui attendaient leur tour, mais il faut que je rentre à la caserne. Je suis déjà en retard : je devais rentrer avant que l'ange Luce ne sonne ! »

Il fallait surtout qu’il passe chez le coiffeur …

Plus tard, en repensant à tout cela, il se dit que la vie d’ange devait être bien agréable …


12/11/2013
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Une soirée délicate

 

Depuis plusieurs jours, il redoutait cette soirée, mais voulait croire qu’il était prêt. Pourtant, lorsqu’il arriva à la fête, une bouteille de champagne à la main, il commença à craindre que les gens remarquent tout de suite ce qui lui était arrivé …

Mais les dés étaient jetés, impossible de reculer. Il devait avoir l’air le plus naturel possible. Il s’y était entraîné, pour que rien dans son comportement ne puisse le trahir. Il était sorti pour acheter le journal, avait papoté gaiement, comme d’habitude, avec la boulangère, et s’était rendu à son travail sans éveiller le moindre soupçon.

Par contre, ce soir, il allait rencontrer des amis, des amis proches qui les connaissaient, lui et sa femme, depuis des années. Pourrait-il leur donner le change, lorsqu’ils s’étonneraient de le voir arriver seul en leur disant que sa femme avait la migraine, qu’elle regrettait de ne pouvoir être de la fête, mais que ce n’était que partie remise ?  Serait-il assez convaincant ?

Car ce n’était pas la migraine qui empêchait Anouchka de venir, c’était le coup de marteau qu’il lui avait asséné sur la tête quand elle l’avait rejoint dans son atelier pour lui annoncer qu’elle le quittait. Et pour cet enfoiré d’Etienne, en plus ! Etienne, son meilleur pote !

Il avait l’outil en main. Le coup était parti tout seul. Un mauvais réflexe …

Il avait dissimulé le corps sous un tas de pierres dans une carrière à quelques kilomètres de chez lui. Il avait nettoyé le sang dans l’atelier, et mis au point un scénario qui lui semblait solide.

Il se composa une attitude qu’il espérait désinvolte, et sonna. La porte s’ouvrit sur le maître de maison.

-          Salut, vieux ! Tu es seul ? Tu fais une drôle de tête… Quelque chose ne va pas ?

-          Ma femme a la migraine …

-          Ah bon ? Il y a quelques minutes, Etienne nous disait justement qu’il ne l’avait pas vue depuis quelques jours et qu’il trouvait étrange qu’elle ne réponde pas au téléphone…

Fred Warnotte pensa que les choses allaient très vite se compliquer pour lui …


10/11/2013
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Attention les yeux!

Jason Toutankaval prenait rarement le train. Ce soir-là, il prit place dans la voiture 4 dont il constata qu’il était le seul occupant. Il extirpa son ordinateur de sa mallette en jetant machinalement un regard par la fenêtre. En bas, sur le quai, il y avait des yeux. Des dizaines d’yeux. Où que son regard se porte, il ne voyait que des yeux, trouant l’obscurité. Il était arrivé à la gare une demi-heure auparavant, tellement il avait peur de rater ce train qui était le dernier de la journée. Il était resté seul, sur ce quai lugubre balayé par un vent glacial. Et voilà qu’à peine installé  dans son compartiment, il remarquait cet étrange phénomène. D’où venaient ces yeux ? A qui appartenaient-ils ? Des yeux qui se promènent tout seuls, ça n’existe pas, voyons ! Pourtant, de minute en minute, il lui semblait qu’ils étaient de plus en plus nombreux. L’homme n’était pas du genre à se laisser impressionner facilement, mais là, il commençait à « flipper  grave » comme disait son ado de fils !

Brusquement, les yeux se détournèrent de lui et disparurent comme ils étaient arrivés. Un jeu de reflets, se dit Jason. C’est sûrement ça ! Et il sourit en repensant à la panique qui avait failli le gagner tout à l’heure. Quelques instants plus tard, il entendit le chuintement des portes automatiques. Le train démarra et prit rapidement de la vitesse. Toujours seul dans le compartiment, il regarda sa montre : 22h25. Dans une heure, il serait chez lui. La journée avait été pénible : de rendez-vous manqués en négociations interminables, il avait l’impression d’avoir perdu son temps. Et maintenant, il n’avait qu’une seule envie : retrouver son lit pour une bonne nuit de sommeil réparateur.

D’ailleurs, bercé par les mouvements du train, il ne tarda pas à s’assoupir.

Un craquement l’arracha à son demi-sommeil. Tiens, se dit-il, le contrôleur sûrement ! Mais si la porte d’accès au wagon voisin était légèrement entrouverte, il ne vit arriver personne. Fausse alerte, pensa-t-il, avant de se réinstaller le plus confortablement possible. Il ne le savait pas encore, mais la nuit la plus terrible de son existence venait de commencer …


16/10/2013
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