Y a des choses qu'on n'oublie pas!
Je me souviens très bien de cet air-là et des paroles qui vont avec. Je ne l'ai jamais oublié. Je n'oublie jamais rien. C'était il y a longtemps, très longtemps. Le 4 juillet 1982, à Saint-Tropez. Il était un peu plus de 22 heures quand elle s'est installée à la terrasse du bar de la plage. Elle était seule, moi aussi. Il ne pouvait arriver que ce qui est arrivé. Regards qui se croisent. Je vous offre un verre ? Volontiers. Mains qui se frôlent, banalités, mots tendres, baisers furtifs... Et Joe Dassin qui chantait l'été indien. J’ai fredonné avec lui : « On ira où tu voudras quand tu voudras... ». Elle m'a dit : « Beau programme ! J'adore. À demain alors ? Même endroit, 10 heures ? »
Elle s'est levée et je suis resté là, seul devant mon verre, où un fonds de champagne tiède perdait ses dernières bulles. Le lendemain, quand je suis arrivé sur la plage, elle était déjà là, magnifique, drapée dans un somptueux paréo qui soulignait sa silhouette de rêve. Rapide échange de baisers. Deux sur chaque joue et direction centre-ville. Je l'ai suivie sans dire un mot, subjugué par son élégance. Elle dansait plus qu'elle ne marchait.
« J'ai quelques courses à faire, me lança-t-elle, l'œil déjà gourmand. Ce ne sera pas long … »
Cela ne dura en effet qu'une toute petite heure. Dior pour une robe, Cartier pour un collier, Vuitton pour un sac de voyage.
Pas de chance, elle avait oublié sa carte bleue. « Pas de problème ! », lui dis-je en lui tendant la mienne. Elle me rembourserait demain.
Quand elle revint, elle me rendit ma carte, avant de rejoindre dans la décapotable qui l'attendait en face, un jeune mâle bronzé au sourire éblouissant.
« On ira où tu voudras quand tu voudras … », l’entendis-je chantonner avant de disparaître au coin de la rue.
Je ne l’ai jamais revue. Je ne l'ai jamais oubliée. Le montant de la facture non plus, d'ailleurs.
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