le blog de Jihem

le blog de Jihem

Le ballon rouge

Si vous avez passé la cinquantaine, vous vous souvenez peut-être d’un film qui a enchanté votre enfance : Le ballon rouge. Mais si ! Cette jolie histoire d’amitié entre un petit garçon et un magnifique ballon rouge trouvé dans la rue. Le ballon ne quittera plus l’enfant, jouera avec lui, l’accompagnera à l’école (au grand mécontentement des professeurs) … Et lorsque de vilains garnements jaloux finissent par détruire le ballon rouge, tous les ballons de la ville s’échappent des mains de leurs propriétaires pour former une immense grappe qui emporte le petit garçon dans les airs : une image inoubliable !

Si j’évoque ce souvenir, c’est parce qu’il y a peu de temps, en feuilletant les journaux de l’époque, j’ai pris connaissance de faits importants à propos de cette œuvre cinématographique. Pour commencer, le petit garçon du film n’était autre que le fils du réalisateur. Et ensuite – et là, ça vaut son pesant d’or – le tournage de la dernière scène du film, telle que je vous l’ai décrite plus haut, avait eu lieu sans trucage !

 

Lorsque le réalisateur vit disparaître son fils et les ballons par-dessus les toits de Paris, il commença par s’exclamer :

-          « C’est magnifique ! Magnifique ! Du jamais vu ! »

Puis, dans la seconde qui suivit :

-          « Quel con ! Mais quel con je suis ! Comment je fais, maintenant pour récupérer mon gamin ? »

 

Insultant copieusement les gens de son entourage qui n’y étaient pour rien, il se précipita vers sa voiture et partit à la poursuite de l’attelage aérien. Mais repérer une grappe de ballons en vol, lorsque l’on se trouve en voiture dans les rues de Paris, d’où l’on n’aperçoit de ci de là, que d’étroites bandes de ciel relève du miracle …

Après plusieurs heures de vaines recherches, le malheureux père dû bien rentrer chez lui, pour annoncer à sa femme, l’horrible mésaventure, conséquence de son imprévoyance.

Et ce fut à son tour de se faire traiter de tous les noms.

Tordant le cou à l’angoisse qui les gagnait, les parents mobilisèrent tous leurs amis motorisés, et entreprirent de nouvelles recherches, cette fois, en périphérie de la capitale, dans la zone vers laquelle le vent avait dû pousser les ballons.

Ils interrogèrent de nombreuses personnes, sans succès. Ils se rendirent même au sommet de la tour Eiffel, scrutant l’horizon avec de puissantes jumelles. Rien. Aucune trace du garçonnet et de son équipage de ballons multicolores. Quelques appels à la radio, et des articles en première page des journaux, le lendemain, n’apportèrent rien de plus aux parents désespérés.

 

Dix ans passèrent.

 

Notre réalisateur qui n’avait plus tourné un seul film depuis la disparition de son fils, restait prostré dans son fauteuil, se contentant de regarder la télévision. Celle-ci avait fait son entrée dans beaucoup de familles et leur apportait à domicile, des images du monde entier.

Ce soir-là, un explorateur, accompagné d’un caméraman et d’un preneur de son, partait à la rencontre d’une tribu inconnue, au fin fond de la forêt amazonienne.

Les quelques 50 villageois fêtaient ce jour-là, l’anniversaire de la venue de leur dieu vivant, descendu du ciel, suspendu à une grappe de ballons achevant de se dégonfler …



10/04/2016
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 40 autres membres