Jeux interdits
Marie-Claire, ma grand-mère, était garde-barrière.
Sa maison, son jardin, collaient au chemin de fer
et mes cousines et moi, allions souvent chez elle.
Ensemble nous jouions au chat, à la marelle,
aux cow-boys, aux indiens, parfois même au docteur.
Nous n'avions à vrai dire qu'une seule interdiction :
nous approcher des rails, en aucune façon.
Mais ce qu'on interdit, n'en fait que plus envie !
Un jour, mal nous en prit,
nous nous sommes permis de courir sur les voies.
De traverse en traverse, on sautillait gaiement.
Si un train arrivait, c'est sûr qu'on le verrait.
On aurait tout le temps de se mettre à l'abri, dans l'herbe du talus.
Poursuivant mes cousines, je courus je courus …
Mais une de mes bottines se coinça sous un rail.
J'eus beau me tortiller, pour décoincer mon pied,
je n'y arrivais pas, j'étais bien prisonnier au milieu de la voie.
Mes cousines appelèrent à grands cris ma grand-mère.
Au bout de la ligne droite, un sifflement aigu
annonçait l'arrivée d'un train de marchandises.
Ma grand-mère, essoufflée et dans tous ses états,
trouva la bonne idée, tira sur mon lacet
et sortit prestement mon pied de mon soulier.
Elle se releva alors, m'emporta dans ses bras
pour me mettre à l’abri, sauvant ainsi ma vie.
Le train de marchandises couvrit de son fracas
les cris que je poussai en recevant cul nu, la fessée promise,
quand on était coupable d'une telle bêtise !
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